Choisy-le-Roi

Le théâtre Paul Eluard de Choisy le Roi est un lieu très important dans mon parcours.

En tant qu’interprète il a été le lieu de création pour toutes mes aventures avec Peter Goss à la fin des années 80 et de celles de Christine Bastin à la fin des années 90 jusqu’en 2004.

C’est assez naturellement que je me suis adressée à Didier Mouturat alors directeur du théâtre, lorsque j’ai eu envie de porter le projet “Astéria, ma Vie est un Voyage, mon Corps est ma Maison”

Je me suis alors sentie accueillie, comprise et soutenue, ce que je souhaite à toute personne qui prend le risque de croire que ce qu’elle a à dire peut en toucher d’autres !

En parallèle de cette création j’ai eu la possibilité de démarrer un travail de recherche avec des jeunes de Choisy en collaboration avec Jean-Marc Colet, danseur, chanteur et chorégraphe qui sera présenté en première partie d’Astéria.

Une vidéo de Stéphane Courtois rend compte du processus de travail partagé :

Ce fut le début de quelques années de bonheur où nous avons pu développer un travail d’ateliers réguliers notamment à l’attention de personnes retraitées, mais aussi d’adolescent*e*s.

Nous avons mené ce travail Jean-Marc Colet et moi-même, de 2008 à 2011.

Un travail qui a eu pour vocation d’inscrire les participants dans le mouvement, au travers de leurs ressentis, de leurs corps de maintenant, de leurs imaginaires et d’un espace à partager. Une expérience partagée qui continue d’enrichir notre recherche d’artistes.

Il n’aurait pu voir le jour sans le travail constant de Marie Combasteix alors chargée des relations avec le public et des actions sur le territoire.

En 2010 je suis invitée à participer à une déambulation spectacle autour du travail photographique de Pierre de Vallombreuse dans le cadre de “Tous les Choysiens du Monde”. Je crée alors une petite forme faite de mots et de danse à partir de la rencontre avec cinq garçons tout juste rentrés au collège.

Ce sera Till, créé en janvier 2010.

Sur le diaporama n’apparaît pas Martino, absent le jour de la prise de vue, par contre sa parole est présente. Photos de Guillaume de Vinzelles.

J’ai regardé au loin, j’ai vu quelque chose bouger, je me suis approché, j’ai vu un animal, je me suis approché, j’ai vu un homme, je me suis encore approché et j’ai vu que c’était mon frère

Proverbe tibétain

Texte inclus dans le programme des présentations des 22 et 23 Janvier 2010 :

Il s’agissait de RÉUNIR un groupe de cinq à sept jeunes garçons tout juste entrés au collège.
De les CONVAINCRE de venir danser les mercredis et samedis après-midi au lieu d’aller jouer au foot ou au rugby.
Puis de les RETROUVER et d’EXPÉRIMENTER en mouvement la possibilité de partager un espace et de s’écouter afin que chacun devienne support à l’expression de l’autre.
Grâce à Marie Combasteix en juin j’ai rencontré Allousseïni, Christian, Yacoubou, Steven, Nacim et Bruno et j’ai rêvé d’eux pendant tout l’été…
En octobre, au moment de commencer, il n’y avait plus que Bruno et Nacim puis il y a eu Martino puis Matteo puis Denis puis Abdoulaï puis Stéphane puis Anis.
Il a fallu s’adapter, je ne savais jamais trop avec qui j’allais travailler chaque après-midi, à part Bruno et Nacim, qui étaient là à chaque fois.
Aujourd’hui, lundi, jour de la lune, je continue de rêver ; ils sont cinq à avoir joué le jeu de l’interview avec beaucoup de générosité – confidences et impressions de leurs vies quotidiennes.
Les voir évoluer dans l’espace me donne des ailes, ils sont beaux !
Mais je passe par toutes sortes d’états….Où va-t-on ?
Je n’ai as envie de construire à leur insu, mais ce sont encore des enfants……
Est-ce qu’ils me font confiance ? Qu’est-ce que cela signifie pour eux?
N’est-ce pas juste la grande séduction du spectacle au bout du chemin? Est-ce que je vais y arriver ?
Je ne suis pas encore parvenue à leur transmettre le goût de la répétition nécessaire pour construire quelque chose.
Ici il n’y a rien à gagner, il ne s’agit pas d’arriver le premier, mais quoi alors ?
Accepter de ne pas y arriver du premier coup ? D’être fragile ?
D’avoir besoin de l’autre pour tenir debout ?
S’accorder, s’attendre, s’écouter pour canaliser cette énergie qui les traverse et qui fait qu’ils ne tiennent pas en place et se faire à eux-mêmes ce cadeau-là.
Goûter le chemin jusqu’au rendez-vous avec l’autre.